Ces événements…

Honoré de Balzac | Le Curé de village (1839)

Ces événements, pressés, tordus dans les salons, dans les ménages, commentés de mille manières, épluchés par les plus habiles langues de la ville, donnèrent un cruel intérêt à l’exécution du criminel, dont le pourvoi fut, deux mois après, rejeté par la Cour suprême. Quelle serait à ses derniers moments l’attitude du criminel, qui se vantait de rendre son supplice impossible en annonçant une défense désespérée ? Parlerait‐il ? se démentirait‐il ? qui gagnerait le pari ? Irez‐vous ? n’irez-vous pas ? comment y aller ? La disposition des localités, qui épargne aux criminels les angoisses d’un long trajet, restreint à Limoges le nombre des spectateurs élégants. Le Palais‐de‐Justice où est la prison occupe l’angle de la rue du Palais et de la rue du Pont‐Hérisson. La rue du Palais est continuée en droite ligne par la courte rue de Monte‐à‐Regret qui conduit à la place d’Aîne ou des Arènes où se font les exécutions, et qui sans doute doit son nom à cette circonstance. Il y a donc peu de chemin, conséquemment peu de maisons, peu de fenêtres. Quelle personne de la société voudrait d’ailleurs se mêler à la foule populaire qui remplirait la place ? Mais cette exécution, de jour en jour attendue, fut de jour en jour remise […] D’accord avec l’Évêché, le Parquet retarda l’exécution, autant dans l’espérance de savoir ce que la Justice ignorait du crime, que pour laisser la Religion triompher en cette circonstance. Cependant le pouvoir du Parquet n’était pas sans limites, et l’arrêt devait tôt ou tard s’exécuter.

Honoré de Balzac, Le Curé de village, Bibliothèque électronique du Québec, p.126–128.

Jean‐François Tascheron reconnu coupable de vol et du meurtre du vieux Pingret et de sa servante est condamné à mort. Véritable feuilleton, commenté dans tout Limoges, le crime, le jugement, la condamnation, l’appel… sont dans toutes les bouches et déjà l’on sent une effervescence certaine à l’approche du jour fatidique, lors duquel le condamné devra suivre le chemin du Palais de justice (entre les rues aujourd’hui Jean‐Jaurès et Adrien‐Dubouché) et la place d’Aisne ou celle des Arènes.

Il convient de noter que, la même année 1839, Élie Berthet publie Le Prieur des pénitents rouges où il donne à voir la société limougeaude du milieu du XVIIIe ; à cette époque, la potence était dressée place des Bancs.