Perdu dans ses pensées…
George Sand | Jeanne (1844)
De retour à Boussac, Guillaume se décide à visiter les alentours et plus spécialement le village de Toulx‐Sainte‐Croix qui, en ce savant XIXe siècle, peut se targuer d’une grande richesse archéologique, qui semble être, encore aujourd’hui, discutée…
Guillaume avait mis pied à terre, et à chaque pas il s’arrêtait pour examiner les pierres qui s’élevaient en monceaux blanchâtres sur les deux marges du chemin. En les retournant il cherchait à y retrouver une trace de travail humain ; et comme il n’en apercevait qu’un grossier et à peine sensible, il commençait à regarder comme très conjecturale l’existence de la capitale des Cambiovicenses, lorsque le paysan, devinant sa pensée, lui dit :
« C’était de la bâtisse, monsieur, n’en doutez point. Il y en a ici de deux sortes, une si bien cimentée qu’on ne peut séparer la pierre du mortier (mais celle‐là est rare, et il faut creuser pour la rencontrer); l’autre, qui est plus ancienne, et qui n’a jamais dû être gâchée qu’en terre. C’était, à ce qu’il paraît, la manière de bâtir dans les temps anciens, du temps des Gaulois, il y a au moins deux cents… bah ! qu’est-ce que je dis ? au moins quatre cents ans!…
George Sand, Jeanne, Bibliothèque électronique du Québec, p.39–40.
Et, tout comme le site des Pierres Jaumâtres, ce mont est le pays des contes, des légendes, de la superstition…
– C’est qu’il faut vous dire, repartit Guillaume de Boussac, qu’il y a une tradition, une légende sur cet endroit‐ci. Vous n’ôteriez pas de la tête de nos paysans, à ce que prétend Marsillat, qu’un trésor est enfoui dans cette région. – Cette croyance les rend fous, dit Marsillat. Les uns supposent ce trésor enterré sous ces pierres druidiques ; d’autres le cherchent plus loin, dans la montagne de Toull‐Sainte‐Croix, que vous voyez, à une heure de chemin d’ici.
George Sand, Jeanne, Bibliothèque électronique du Québec, p.16.