Le lendemain matin…

Élie Berthet | Le Prieur des pénitents rouges (1839)

Le lendemain matin, à l’heure du marché, une foule immense remplissait la place des Bancs. Cependant on voyait que ce jour‐là ce n’était pas l’espoir de vendre leurs légumes et leurs autres denrées qui avaient attiré les gens de la campagne dans ce lieu ordinaire de leurs réunions : les marchands de toute espèce n’avaient pas étalé leurs éventaires portatifs, et elles avaient eu raison, car à voir cette foule qui croissait de minute en minute, il était évident que les étalages et leurs propriétaires eussent été inévitablement culbutés par les curieux qui débouchaient de toutes les rues avoisinantes.
Au centre de la place s’élevait la potence vers laquelle convergeaient tous les regards. Un des aides du bourreau était nonchalamment appuyé contre le poteau, auquel était déjà suspendue la corde fatale.

Élie Berthet, Le Prieur des pénitents rouges, E. Dentu, 1877, p.262–263.

La foule s’empresse sur la place des Bancs à l’heure du marché. Néanmoins, les étals de légumes n’ont pas été installés et les boutiques sont restées fermées : la population s’est réunie pour la pendaison du jeune homme accusé de vol. Avant qu’il n’arrive, les pénitents rouges font la quête, sollicitant la foule pour pouvoir offrir une sépulture au condamné.