Me rendant du chemin…
Shimazaki Tōson | L’Étranger (1922)
Shimazaki est également marqué par l’hospitalité et la curiosité bienveillante des Limougeauds à son égard. Ce sentiment paraît réciproque, à en juger les différents épisodes de fraternisation entre l’auteur et les jeunes Ponticauds rencontrés durant ses promenades.
Près du Pont‐Neuf, il y avait un petit café sans prétention, à l’enseigne du Comptoir. Chaque fois que mes pas me conduisaient en cet endroit, le fils des patrons courait vers moi pour me serrer la main. Même lorsque cet enfant jouait en compagnie de petits camarades au pied des arbres, il ne manquait pas de venir à la hâte me saluer. Il s’était donc bien habitué au voyageur étranger que j’étais.
Shimazaki Tōson, L’Étranger, 1922, chap.73 (trad. Jean‐Pierre Levet).
À ces petites filles j’ai donné un paquet de gâteaux et nous sommes devenus de si bons amis qu’elles m’ont chanté des chansons. En entendant ce chant en langue limousine qui sortait de la bouche d’innocentes fillettes, j’ai versé des larmes.
Shimazaki Tōson, Lettres de France, 1914 (trad. Jean‐Pierre Levet).
J’ai aperçu, sur le seuil d’une porte, un enfant qui tenait un morceau de pain et du fromage dans la main. Il n’y a aucune différence entre un enfant français dévorant du pain avec plaisir et un petit Japonais mordant avidement dans une boule de riz.
Shimazaki Tōson, L’Étranger, 1922, chap.74 (trad. Jean‐Pierre Levet).
Ces séquences de jeux, ces souvenirs traduisent de façon très sensible l’humanité qui se dégage des moments vécus par l’auteur à Limoges, et son souci d’en rendre compte. En dépit de son statut d’étranger, revendiqué jusque dans le titre de son œuvre, Shimazaki repart du Limousin touché par l’universalité des rencontres et des observations qu’il a pu y faire.