Le disque du soleil…
Marcelle Tinayre | L’Ombre de l’amour (1909)
La rumeur de l’achat des cascades est surtout l’occasion pour Marcelle Tinayre de revenir sur l’accès difficile aux chutes, à leur violence, à ses drames…
À plusieurs reprises dans l’Ombre de l’amour, l’auteure fait explicitement référence à Gaston Vuillier, qui quelques années auparavant avait été séduit par Gimel et ses cascades et qui entreprend dès 1898 d’acheter les terrains adjacents aux chutes pour constituer un parc.
Ce même soir, on apprit une grande nouvelle. Un monsieur de Paris avait acheté en sous‐main les trois cascades supérieures et les terres riveraines. Il allait enclore tout le côté du ravin, depuis la route, et des sentiers en lacets permettraient aux touristes de descendre jusqu’à la « Queue de Cheval ». On établirait un petit kiosque rustique, qui servirait de buvette, sur le gros rocher plat, au‐dessus de la « Redole ». Et, les étrangers affluant bientôt à Monadouze, le monsieur de Paris gagnerait beaucoup d’argent. Les anciens propriétaires, qui n’avaient jamais vu l’acquéreur, et qui avaient vendu, un bon prix, sans demander aucun détail, se plaignaient maintenant, comme si quelqu’un leur avait fait tort… L’idée que les touristes paieraient pour voir les cascades, leurs cascades ! et que cet argent tomberait dans la poche d’un Parisien, cette idée bouleversait leurs âmes paysannes…
Marcelle Tinayre, L’Ombre de l’amour, Maiade éditions, 2007, p.256–258