Gimel est un romantique village, blotti à demi dans les feuilles sur une arrête rocheuse, avec un clocher bien simple, un blanc presbytère, les ruines d’un château fort, des toits de tuiles rouge, d’ardoises et de chaume où se balancent des corbeilles de sédums et de giroflées. En bas un torrent grondeur, fuyant sous les aunes, lui fait une ceinture irisée.
J’entrai dans une modeste auberge, « au Repos des Cascades », où me reçut une gracieuse hôtesse. Elle me conduisit dans une chambre qu’une rumeur emplit aussitôt en même temps que la lumière, lorsqu’elle en ouvrit les fenêtres.
C’était le grondement des eaux qui montait des profondeurs, car les maisons de Gimel dominent une gorge hérissée de roches, où se précipitent de superbes cascades, cascades étagées ; s’il n’y en avait qu’une, elle formerait une formidable chute de plus de 150 mètres de hauteur.

[…]

Que d’heures j’ai vécues, accoudé au petit pont pittoresque qui enjambe la Montane ou Gimelle, ce torrent courant derrière moi sous les feuilles en tombant tout à coup devant moi dans une profonde fissure ! La rivière glisse tout d’abord sous l’arche, elle ondoie et se remplie en volutes moirées ; subitement le sol lui manque, elle s’écroule hurlante et comme épouvantée dans un abîme.

C’est en septembre 1892 que Gaston Vuillier se rend pour la première fois au village corrézien de Gimel. Il fait ainsi part de ses premières impressions à l’occasion de son reportage « En Limousin (paysages et récits)», premières impressions déterminantes pour l’artiste qui élira finalement domicile à Gimel jusqu’à la fin de sa vie.

Les cascades de Gimel sont alimentées par la Montane, affluent de la Corrèze. Les chutes de plus de cent mètres de haut portent les noms : le Saut, la Redole, la Goutadière avant de disparaître dans l’Inferno.