Naudze, en patois limousin, me semble désigner l’état de langueur, quelle qu’en soit la cause, le cas d’un enfant, par exemple, qui ne peut plus « ni vivre ni mourir », comme disent les commères.

Dans le courant de l’été, j’avais été conduit dans un hameau voisin de Gimel pour visiter un petit malade atteint de ce mal mystérieux.

L’enfant, très pâle, était retenu dans son berceau, selon la coutume limousine, par des bandelettes entre‐croisées. Alentour, dans le pauvre logis aux murs bitumeux, quelques femmes couvertes de capes sombres s’entretenaient à voix basse. À la lueur du chaleil de fer, la vieille lampe romaine, d’autres s’occupaient à peser quatre chandelles qu’elles rognaient l’une après l’autre pour en rendre le poids exactement égal. Ceci fait, à l’aide de suif fondu, elles adaptèrent les chandelles aux quatre montants du berceau, les baptisèrent chacune du nom d’un saint, puis elles les allumèrent toutes en même temps, et, devant chacune d’elles, une femme se mit en prière.

On n’entendit plus ensuite que les plaintes de l’enfant tout pâle dans son berceau et les voix murmurantes des femmes. Les cierges lentement se consumaient, la cire épandait ses larmes d’ivoire le long des montants, où elles se figeaient en stalactites, et les matrones, immobiles dans leurs capes sombres [sic], marmottaient toujours. Puis la flamme d’un cierge se prit à vaciller, sa mèche fumeuse se renversa sur le côté, on entendit comme un imperceptible battement d’ailes et la flamme s’éteignit.

Les femmes cessèrent de prier, le saint était désigné, ou plutôt la source qui est placée sous son vocable. C’est là que l’enfant allait être transporté et son petit corps immergé.

Mais auparavant la mère devait, selon la coutume, faire sa tournée dans le village et les environs, invoquant l’appui de tous pour faire d’abord dire une messe et pour subvenir ensuite aux dépenses que nécessite le voyage à la fontaine sacrée. En cette circonstance chacun lui remet un sou, l’offrande ne peut être dépassée, et, par une touchante coutume, l’obole est reçue par elle à genoux.

Gaston Vuillier, « Chez les magiciens et les sorciers de la Corrèze », Le Tour du monde, n° 45, 11 novembre 1899.

La naudze désigne un état de langueur chez le nourrisson. Gaston Vuillier a dessiné un rituel destiné à guérir l’enfant en étant affligé. La scène se passe autour d’un berceau dans lequel repose le nourrisson. À chaque coin du berceau, des bougies se consument, éclairant la scène d’une lueur énigmatique. Des femmes sont en prière, dans l’attente de voir quelle bougie cessera en premier de brûler. Elle désignera ainsi le saint ou la source pour guérir l’enfant.