Le pâtre solitaire trempe dévotement ses lèvres dans l’eau sainte, de bien loin le malade accourt, pour y laver ses plaies. Le voyageur, religieusement emplit sa gourde et l’emporte dans sa maison pour la préserver des maux futurs. De bien loin les pèlerins s’y donnent rendez‐vous. M. Champeval me révélait les origines de ces fontaines. […]

« Pour les races primitives, me disait‐il, adoratrices des phénomènes naturels et surtout pour les Gaulois plus encore que pour les autres peuples, l’eau fut trois fois sacrée. Leur vénération pour elle était plus grande que pour le gui et le chêne. L’eau était un don manifeste de la divinité, sa propre émanation, sa demeure permanente. En témoignage de ce culte ils tenaient leurs assemblées sur des ponts ».

[…] « L’Église, continuait‐il, arrivant dans les Gaules, usa d’abord de tempérament et de sagesse. Le Christianisme bénit donc toutes les fontaines, les baptisa du vocable d’un saint, local le plus souvent, au patronage duquel elle les confia ainsi exorcisées, substituant aux statuettes souvent obscènes du paganisme les images pieuses de bois ou de pierre des vierges chrétiennes. »

Gaston Vuillier, « Chez les magiciens et les sorciers de la Corrèze », Le Tour du monde, n° 43, 28 octobre 1899.

Gaston Vuillier nous livre plusieurs descriptions et récits sur les fontaines sacrées du Limousin dans « Chez les magiciens et les sorciers de la Corrèze ». C’est au cours d’une de ses excursions en Corrèze, à Fournols plus précisément, que Vuillier s’attarde sur les origines de ces fontaines.

De son passage à Bugeat, Gaston Vuillier ne retient que la fontaine de Saint‐Pardoux :

Rien à conter sur Bugeat, qui devint notre centre de ralliement sur ces hauteurs.

Dans le voisinage, sur une pente, sourd la fontaine sacrée de Saint‐Pardoux, réputée pour guérir les maux d’yeux. C’est tout ce que la petite ville semble offrir d’intéressant.