À raison de je ne sais quel privilège, accordé par je ne sais quel souverain, la congrégation des pénitents rouges devenait maîtresse du corps d’un supplicié, et aussitôt que le bourreau l’avait abandonné à son propre poids. Si le porte‐bannière pouvait toucher avec la croix de la confrérie le patient encore suspendu à la corde, mort ou vivant, le condamné appartenait aux pénitents, la loi était considérée comme satisfaite. On comprend donc pourquoi on plaçait une force armée imposante entre les confrères et la potence ; c’était pour empêcher l’exercice d’un privilège qui avait sauvé bien des coupables. Aussi, les bonnes gens qui composaient la confrérie n’avaient-ils pas essayé depuis longtemps de faire valoir leur droit : ils se contentaient de recevoir, après l’exécution, le corps du patient pour lui rendre selon leurs statuts, le devoirs de la sépulture.

Élie Berthet, Le Prieur des pénitents rouges, E. Dentu, 1877, p.267–268.

Élie Berthet présente ici le rôle que pouvait jouer l’ordre des pénitents rouges, à savoir sauver la vie des condamnés, privilège aux origines inconnues de l’auteur.